Le non des Irlandais au référendum sur la ratification du traité de Lisbonne ne s’explique pas par les seules dimensions spécifiques de la consultation en Irlande. Il exprime la grave crise que traverse la construction européenne.
Rappelons que la CGT avait revendiqué la tenue d’un référendum en France.
Ainsi, après le rejet par les français et les néerlandais du projet de traité constitutionnel, le rejet par les irlandais du traité de Lisbonne, qui lui était identique à 90 %, place les responsables politiques européens devant des choix cruciaux.
Pour en sortir, il faut changer de méthode et de contenu.
Il n’y aura pas d’issue fondée sur des aménagements à la marge.
Le gouvernement français augure bien mal de la voie à suivre pour sa présidence de l’Union Européenne en se rangeant à côté du Royaume Uni sur la révision de la directive temps de travail qui peut déréglementer en France et dans toute l’Europe la durée du travail et permettre des semaines de 60, 65 heures, voire plus.
Il faut inverser la philosophie actuelle de la Commission Européenne, des gouvernements et de la Cour de Justice de Luxembourg qui consiste à faire prévaloir la concurrence et le dumping sur la dimension sociale, comme viennent de l’illustrer les arrêts Viking, Laval et Rüffert.
Il faut conforter les législations sociales par plus de droits sociaux européens et notamment supprimer » l’opt out » sur la durée du travail, sortir la directive travail intérimaire, réviser et conforter la directive comités d’entreprise européens et travailler à la définition d’un cadre européen sur les services publics.
Il faut, d’autre part, mettre en place de véritables politiques européennes de l’emploi, de l’industrie, de la recherche, de la formation fondées sur une grande ambition de plein emploi, de qualité de l’emploi, de développement durable et de solidarité sociale.