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travail du dimanche

 

Interview de Bernard Thibault à Libération du 7/7/2009

« L’enjeu c’est la vie personnelle »

 

La CGT a recueilli 160 000 signatures contre la proposition de loi UMP. Son secrétaire général, Bernard Thibault, explique pourquoi il s’oppose à la banalisation du dimanche.

Notre sondage montre que les Français sont en majorité hostiles au travail du dimanche. Ce résultat vous surprend-il ?


Cela ne me surprend pas. L’opinion a évolué. Les gens ont pris conscience que l’enjeu était celui de leur vie personnelle. Les arguments ont évolué au fil du débat. L’emploi ? Les études ont montré que l’incidence dans ce domaine serait nulle ou négative : les postes créés dans la grande distribution détruiraient autant voire davantage d’emplois dans le petit commerce. Les gens voient que toute la semaine on licencie, et on voudrait leur faire croire que l’on va embaucher dimanche. Le pouvoir d’achat ? L’incidence sur les salaires dans le commerce sera nulle, et ils le savent. La consommation ? Les Français ne vont pas dépenser plus que ce qu’ils gagnent avec des magasins ouverts le dimanche. Tous les arguments économiques sont tombés les uns après les autres. Même celui du tourisme. Il faudrait changer la loi pour développer le tourisme ? Paris est déjà la capitale mondiale du tourisme de qualité, et la réglementation actuelle n’a jamais entravé le développement de ce secteur d’activité. Et que l’on ne nous serve pas l’argument grotesque selon lequel Michelle Obama ne peut pas faire ses achats dans un grand magasin parisien le dimanche !


Quand on analyse les préférences partisanes, on note que 64 % des sympathisants de gauche sont hostiles à la proposition de loi alors que 62 % des sympathisants UMP y sont favorables. Le débat ne s’est-il pas politisé ?


Ce texte est perçu comme une déclinaison du slogan « travailler plus pour gagner plus » . Aussi n’est-il pas surprenant de voir que l’électorat de droite affirme sa volonté de soutenir le pouvoir actuel tandis que la gauche s’y oppose. Mais à droite et à gauche, les gens se retrouvent pour vouloir préserver le dimanche. Quand on demande aux gens si c’est un jour fondamental pour leur vie de famille, sportive, culturelle ou spirituelle, ils répondent oui à 86 % ! Il n’est plus question de sympathies politiques, de catégories socioprofessionnelles ou autres.


En même temps, ils ne se sentent pas obligés : à 62 %, ils pensent pouvoir refuser si on leur demande de travailler le dimanche.


C’est le résultat du discours actuel sur le volontariat. Il y a eu la séparation à l’amiable, les horaires individualisés, maintenant le prêt de salariés entre employeurs, et bien entendu les heures supplémentaires. Mais on peut avoir quelques doutes sur la réalité de ce volontariat. Même si l’on met des garde-fous pour empêcher le licenciement de salariés qui refuseraient de travailler le dimanche, la discrimination se fera à l’embauche. Vous refusez, vous n’avez pas de boulot.


Aujourd’hui, près d’un salarié sur quatre peut travailler le dimanche. Cette réalité, ne faut-il pas plutôt l’organiser, comme le propose le texte de loi, pour éviter les abus ?


Des millions de salariés travaillent déjà le dimanche, mais dans des secteurs ou des zones bien définis. Il y a le tourisme mais aussi la sécurité, les hôpitaux, les transports et certaines industries. Si on ouvre l’activité commerciale le dimanche, il ne faut pas oublier que derrière, il y a la logistique. Parler de développement durable et obliger davantage de camions à rouler le dimanche n’est pas très cohérent. Comme il était difficile de faire croire que les zones de Plan de Campagne, près de Marseille, de Sainte-Geneviève-des-Bois dans l’Essonne ou de La Défense étaient des hauts lieux du tourisme, on a inventé les Puce, « périmètres d’usage de consommation exceptionnelle ». Et là, on entre dans une autre dimension : il s’agit de légaliser des pratiques illégales, de donner une prime à la délinquance patronale. C’est exactement comme si, sur certaines portions d’autoroute, on relevait à 150 km / h la limitation de vitesse sous prétexte que des automobilistes ont pris l’habitude à ces endroits d’être systématiquement en infraction !


Que la CFTC, syndicat chrétien, défende le repos hebdomadaire le jour du Seigneur, cela se comprend. Mais la CGT ? Pourquoi le dimanche plutôt qu’un autre jour, tant que la durée légale du travail est respectée ?


Dans tous les pays du monde, le droit au repos s’est organisé autour des fêtes religieuses. En France, pays de tradition chrétienne, c’est le dimanche. C’est un fait. Et si un certain nombre de gens profitent du dimanche pour aller à la messe, pourquoi pas ? Mais ce qui nous inspire, c’est de façon beaucoup plus générale le fait que dans notre société, le dimanche est une journée réservée à des activités non professionnelles, familiales, associatives, sportives ou autres. De quel droit les patrons imposeraient à toute la société les temps de la vie ? On est dans le même débat que celui des retraites ou de la durée du travail : est-ce aux gens d’arbitrer entre le temps qu’ils consacrent au travail, à la famille, aux loisirs, ou est-ce aux entreprises de fixer les règles de la vie sociale en fonction de leurs intérêts ?

ParCGT MEL

Nous voila bien avec ça…

 

Vous trouverez ci dessous la grille des salaires remise à jour suite au 0.5 % d’augmentation de la valeur du point d’indice en date du 1 juillet 2009 accordé dans sa plus grande largesse par le gouvernement, viendra ensuite 0,3% au 1 Octobre 2009.

 

N’allez pas placer tout cet argent chez Madoff !

ParCGT MEL

Discours du Président de la République

Déclaration de la Cgt


A l’occasion de son intervention à Versailles devant les parlementaires, le Président de la République s’est une nouvelle fois exprimé sur la crise et les orientations économiques et sociales qu’il préconise. Dans une première partie, inspirée de son discours de Genève à l’OIT, il a repris la critique de la mondialisation actuelle et des dérives du capitalisme financier. Il a prôné les vertus de la justice, de la régulation et de la protection des salariés.


Dans un second temps, il a justifié un programme de réformes au nom de la crise qui épouse largement les souhaits du MEDEF.


Le Président a cherché à corriger l’image d’une politique qui suscite un vaste mécontentement chez les salariés, lequel s’exprime depuis six mois, en vantant dans les mots la réhabilitation du travail et de la production. Mais cela sonne complètement faux au vu des mesures prises ces deux dernières années.


La question des salaires, pourtant au cœur de nombreuses mobilisations, n’a été qu’à peine effleurée par une discrète référence au débat sur le partage de la valeur ajoutée dont le veto du MEDEF semble avoir eu raison. Le jour même, le gouvernement a officialisé la revalorisation dérisoire du SMIC de 1,30 %, soit 11 centimes de l’heure.


Sous couvert de la priorité à l’investissement, c’est la confirmation de la logique comptable de baisse de l’emploi public. Celle-ci demeure un dogme intangible alors que le Président dit par ailleurs vouloir tout remettre en cause, y compris le modèle de croissance et les conditions actuelles de la mondialisation.


Ainsi, le Président annonce une concertation de trois mois avec les syndicats pour définir les priorités stratégiques et budgétaires à inscrire dans une optique de sortie de crise. Cette consultation est déjà étroitement balisée par :
 • L’annonce d’un emprunt national pour financer le budget de l’Etat alors que le bouclier fiscal est maintenu et que la remise en cause des exonérations de cotisations sociales n’est pas à l’ordre du jour,
• La suppression de la taxe professionnelle,
• La perspective de substituer la taxe carbone aux cotisations sociales au risque que la part des contributions issues des ménages augmente et que celle des entreprises diminue,
 • L’extension annoncée du mécanisme des contrats de transition professionnelle (sans précision sur les sources de financement), dans l’optique d’aller vers le maintien des salaires pendant 12 mois pour les licenciés économiques, est loin de répondre à la situation des jeunes salariés, des intérimaires, des précaires …


Le Président annonce par ailleurs un rendez-vous pour une nouvelle réforme des retraites en 2010. Encore une fois, seuls les paramètres d’âge de départ en retraite et de durée de cotisation sont privilégiés alors que d’autres pistes permettraient d’assurer la pérennité du système de retraite par répartition. Pour la CGT, la reconnaissance de la pénibilité du travail par des départs anticipés doit être un préalable à ce rendez-vous qui s’annonce conflictuel.


La Cgt va continuer à porter ses propositions et revendications, notamment lors de la rencontre du 1er juillet avec le Président de la République ou la plateforme intersyndicale doit être prise en compte.


Elle considère d’ores et déjà que la poursuite de mobilisations unitaires sera nécessaire pour faire prévaloir d’autres choix que ceux annoncés en matière d’emploi, de salaires, de protection sociale, de retraite, de services publics et d’avenir des emplois industriels.


La Cgt sera présente tout l’été pour être aux côtés des salariés pour le développement des luttes.


Montreuil, le 23 juin 2009