Comité technique du 5 octobre 2021
Choix du mode de gestion de l’eau potable dans la métropole lilloise pour 2024 Intervention de la CGT MEL
Tout d’abord, la CGT tient à rappeler son opposition de principe aux délégations de service public.
Il est extrêmement choquant que nous ne passions pas plus de temps sur ce sujet stratégique pour la MEL et ses habitants, on parle d’un contrat de 10 ans à 65 millions d’euros par ans soit 650 millions ?
Les grandes entreprises comme Engie, Suez, Veolia, Dalkia… ont fait grâce à ces DSP des profits colossaux depuis des décennies sur le dos des usagers, c’est à dire de nous tous, profits qui ont considérablement enrichi leurs actionnaires !
En 2010, Martine Aubry réclamaient 115 millions euros au délégataire de l’époque, Eaux Du Nord qui, profitant d’un contrat déséquilibré, s’est gavé sur le dos des métropolitains via leur facture d’eau.
En 2016, la mauvaise blague continue : au lieu de créer une régie publique pour éviter de se faire voler à nouveau, les élus de la MEL décident de lancer un appel d’offre pour « soit-disant » faire jouer la concurrence entre délégataires. Et au final, combien de délégataires ont été mis en concurrence ? 5 ? 3 ? 2 ? Non, 1 ! Ne restant plus que Véolia, les élus de l’époque ont bien été forcé de choisir cette entreprise. Aujourd’hui, le choix sera encore plus simple : Veolia étant en train de racheter Suez pour le plus grand malheur des salariés de Suez et pour le plus grand profit de son patron Antoine Frérot, ami de Macron qui a permis ce rachat, vous n’aurez le choix qu’entre Veolia et Veolia ! N’avez-vous pas appris des erreurs du passé !
« L’eau est un bien vital, pas une marchandise » comme le clame le collectif eau pour une régie publique et les premiers m³ gratuits auquel la CGT participe. Elle devrait être accessible à tous et non pas servir à enrichir des rentiers.
Le président Castelain veut mettre en place une culture de la recette, qu’à cela ne tienne !
Qu’attend la MEL pour passer en régie la distribution d’eau, les transports, la collecte des déchets…etc : les profits générés n’iront plus dans la poche des rentiers mais dans celle de la MEL qui pourra les réinvestir par exemple pour :
– Améliorer réellement le rendement du réseau de distribution d’eau qui est de 84,5 % avec Véolia quand celui de la régie publique de Paris est de 91,3 %: combien de millions de m³ perdus dans la nature, au moment même où on nous dit que l’eau manque ?
– Améliorer le traitement de l’eau et l’élimination des polluants ;
– Baisser le prix de l’eau pour les plus démunis en offrant les premiers m³ qui sont indispensables ;
– Acquérir les technologies et savoir-faire qui nous manquent par rapport aux entreprises privées pour ne plus avoir à s’en remettre à elles.
J’ai parcouru vos documents sur le choix du mode de gestion et j’ai le sentiment d’être, une fois de plus, face à un copier-coller qui dit la DSP c’est bien, la régie c’est mal.
Je rappellerai juste ceci aux élus, croire que l’on transfère les risques au délégataire est illusoire : quel que soit le mode de gestion, c’est vers la MEL que les usagers vont se tourner. Et la régie publique est le seul mode de gestion qui permet à la MEL de vraiment décider.
Quand un délégataire perd de l’argent avec un contrat, soit il n’effectue plus qu’une partie de ce qui est prévu soit il revient négocier un avenant à quelques millions d’euros qui est souvent voté par la MEL sans même qu’elle essaie de négocier…C’est toujours comme ça quand on est pieds et poings liés avec un délégataire dont on ne peut se passer…
De plus, nous aimerions connaître le montant des pénalités qui ont été appliquées au délégataire actuel pour non-respect de ses obligations contractuelles, car il nous a été rapporté que contrairement à ce qui est marqué dans les documents fournis, elles étaient rarement appliquées ! Et que donc, ce soi-disant avantage de la DSP par rapport à la régie n’est que du vent !
– Quid de l’augmentation du prix de l’eau pour les gros consommateurs d’eau (entreprises) ?
– Qu’est-ce que la gestion dynamique des ressources ? (PPT P7)
– Quel est le pourcentage de renouvellement du réseau par an ? 1 % est un minimum si on veut remplacer son réseau tous les cent ans au moins…
– Page 17 : risque de divergence stratégique MEL /EPIC ??? Seulement si les élus deviennent schizophrènes!
– Page 19 : Qu’en est-il de la reprise du système d’information qui devait être facilitée avec le contrat Iléo ? Et qui serait un point négatif en cas de régie ?
– Page 20 : charges de sièges veut dire rente des actionnaires de Véolia/Suez…
– Page 21 : Quid de la transparence obtenue avec la société dédiée Iléo ?
– le scénario d’adhésion au SIDEN SIAN (Noréade) n’apparaît plus ? Pourquoi ?
Par ailleurs, quand la MEL a-t-elle fait un VRAI comparatif entre la régie et la DSP ? Ne serait-il pas temps de refaire un grand débat sur l’eau qui, cette fois-ci, associe tous les citoyens de la MEL à un sujet qui nous concerne tous et puisse réellement éclairer les élus sur les enjeux ?
Quand la MEL se décidera-t-elle à entrer dans le 21ème siècle et rompre avec les pratiques du passé, à prendre exemple sur ce qu’a fait Paris plutôt que de persévérer dans un modèle obsolète ?
Au moment du choix de la DSP pour la distribution d’eau, il y a 6 ans, on nous disait que cette DSP auprès d’Iléo permettrait de passer en douceur vers une régie si la MEL le souhaitait : aujourd’hui, vous n’étudiez même pas sérieusement la question !
Elus de la MEL, je vous invite à réfléchir réellement sur ce sujet majeur.
Quant à nous, CGT, pour toutes les raisons invoquées nous voterons contre la délégation de service publique de distribution d’eau.
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