Martinez à propos du discours de Philippe :
«Attention aux subterfuges !»
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT demeure sceptique au sortir du discours de politique générale d’Edouard Philippe.
Le secrétaire général de la CGT, déplore un discours «sans annonces», dominé par les mesures d’austérité.
Que retenez-vous du discours ?
Philippe Martinez. Rien d’exceptionnel ! Alors qu’on nous promet du changement depuis deux ou trois mois, j’ai eu l’impression de regarder un jeu de téléréalité où un chauffeur de salle demandait au public d’applaudir toutes les deux minutes. Le Premier ministre s’est contenté de répéter le programme d’austérité du candidat.
Pour réaliser des économies, Philippe a évoqué l’arrêt de «l’inflation de la masse salariale» des fonctionnaires. Qu’en pensez-vous ?
Il est resté très vague et n’a donné, sciemment, aucun chiffre. Pour l’instant, ce qui est officiel, c’est le gel du point d’indice. Et dans son programme, Emmanuel Macron a annoncé 120 000 postes en moins. Après, j’ai trouvé choquant de féliciter le travail des fonctionnaires pendant le discours alors que le gel du point d’indice a été annoncé. C’est du mépris ! Pour moi, lorsqu’on est content de quelqu’un, on le récompense.
«Lire entre les lignes»
Certaines missions de service public, jugées «inefficaces», pourraient aussi être une source d’économies…
Il faut lire entre les lignes. Lorsqu’Edouard Philippe dit qu’il faut transférer des missions à certains s’ils sont plus efficaces, il parle à mots couverts d’externaliser des services publics vers le privé. Or, à service égal, on a pu voir que l’intérêt en termes de coût est très discutable.
Des efforts en faveur des Français ont tout de même été annoncés, en matière de santé par exemple…
C’est vrai. Mais Edouard Philippe est resté très flou, là encore. Lorsqu’il affirme que les soins dentaires, auditifs et les lunettes seront remboursés, il ne dit pas ce qui, en face, sera déremboursé. Il faut faire attention aux subterfuges !
C’est-à-dire ?
Quand on promet aux salariés des baisses de charges d’un côté, on leur reprend ailleurs. Au global, les promesses du gouvernement sont basées sur l’austérité, et les réformes prévues ne sont pas en faveur des retraités ou des salariés. Notre journée de mobilisation, prévue le 12 septembre, est donc plus que jamais pertinente. Il faut rester très vigilant car le gouvernement pourrait dévoiler de mauvais coups au dernier moment.
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