Le cheval et l’alouette du paté Valls
Le verbe est haut et l’addition vertigineuse. Dans le discours de politique générale de Manuel Valls, tout concourt à de nouveaux cadeaux au patronat: les exemptions de cotisations famille, la fin programmé de la contribution à la sécurité sociale, la baisse de l’impôt sur les sociétés en dessous même de ce qu’avait décidé Nicolas Sarkozy, le Crédit d’impôt compétitivité, la suppression en trois ans de la Contribution sociale de solidarité et d’autres taxes plus modestes sur les entreprises… c’est Noël à Pâques. .
Le Club des entrepreneurs proclame: « nous attendions cette concrétisation avec impatience» tandis qu’au Medef, Pierre Gattaz se frotte les mains. Plus un mot sur la finance ennemie, rien sur la justice sociale et l’égalité, mais une simple déploration du nouveau Premier ministre sur ce qu’ont exprimé les électeurs «trop de souffrance et pas assez d’espérances». L’annonce même de l’exemption totale des cotisations pour un SMIC, va pousser le patronat à n’embaucher qu’à ce tarif et tirera tous les salaires vers le bas. L’alouette qui figure dans le pâté de Manuel Valls n’est même pas consommable.
En revanche, c’est une austérité brutale et systématique qui se profile pour les budgets publiques, les politiques sociales, la santé et la protection sociale, pour les collectivités et les territoires. Sans concertation ni consultation des citoyens, le gouvernement va tailler à la hache dans les régions et les départements pour réduire la dépense. Éloigner toujours plus les citoyens des décisions, réduire les boucliers sociaux de proximité, livrer les politiques économiques à la main de fer des marchés: tout cela fait un tout, à même de creuser la crise démocratique.
Sur ces projets, François Hollande et Manuel Valls se servent des effets pervers des mécanismes institutionnels pour imposer la plus grande casse du modèle social et démocratique français qui ait été envisagé par un gouvernement. Le résultat en terme même de boutique risque d’être désastreux pour la majorité gouvernementale, à l’image du champ de cendres laissé dans la sociale-démocratie allemande par les réformes de Gerhardt Schroeder.
(Patrick Apel-Muller mercredi 9 avril 2014 dans l‘Humanité)
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