Les syndicats français et le DGB – la fédération des syndicats allemands – ont lancé ensemble, mardi 22 mars à Paris, la fronde contre le pacte pour l’euro impulsé par la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy, pacte qui doit être adopté au conseil des chefs d’Etat et de gouvernement européens des jeudi 24 et vendredi 25 mars à Bruxelles, en contrepartie du renforcement du fonds de soutien aux pays en difficulté.
“Nous, les syndicats allemands et français, nous refusons ensemble le pacte fatal et asocial que nos deux gouvernements veulent mettre en place. Je me réjouis du fait que l’axe franco-allemand ne fonctionne pas uniquement au niveau des chefs d’Etat ou au niveau des ministres des finances, mais que nous [les syndicats allemands et français] nous travaillons la main dans la main sur notre chantier commun destiné à rendre l’Europe plus sociale”, a déclaré, mardi 22 mars, lors d’une conférence de presse commune Annelie Buntenbach, membre du comité de direction du DGB, tandis que le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault dénonçait “ce qu’il faut bien appeler une agression sociale caractérisée”.
“Madame Merkel et Monsieur Sarkozy ont attaqué de front les droits des salariés en Europe avec leurs propositions en faveur d’un “pacte pour la compétitivité”. Ce pacte est une attaque contre nous tous. Ce pacte n’est pas une nouvelle déclaration d’amitié franco-allemande, mais une déclaration de guerre néo-libérale qui va creuser encore les écarts au sein de notre société”, a ajouté Mme Buntenbach. “L’Europe n’est pas malade du fait des droits sociaux. Par contre, elle sera de plus en plus contestée si elle sert de levier pour mettre en concurrence les travailleurs européens sur le moins disant social”, a assuré M. Thibault.
Les syndicats français – la CFDT, la CGT, FO, l’UNSA et la CFTC – auxquels se sont associés la FSU et Solidaires, et le DGB ont adopté une déclaration commune dans laquelle ils réclament “un changement d’orientation politique pour une Europe juste et équitable”. Ils se prononcent “contre une gouvernance économique basée sur une conception limitée de la compétitivité fondée sur la stagnation, voire la réduction des salaires et sur des marchés de travail flexibles et dérégulés”. “Une gouvernance économique ne peut pas reposer sur les seuls objectifs d’équilibre budgétaire. L’Europe a besoin de favoriser en même temps le développement économique et social”, ajoutent-ils.
La question du pacte “ne fait que commencer. On est dans un processus long”, a fait remarquer le secrétaire général adjoint de la CFDT, Marcel Grignard, en évoquant les manifestations prévues le 24 mars à Berlin et à Bruxelles, le 26 à Londres et le 9 avril à Budapest à l’appel de la confédération européenne des syndicats (CES), dont le prochain congrès se tient à Athènes en mai. Ce sera celui du départ pour John Monks, secrétaire général de la CES depuis 2003 et ancien “patron” des TUC britanniques.
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