Chaque jour apporte son lot de preuves du caractère inacceptable du système économique et financier mondial. Le gouvernement fédéral américain vient de décider de racheter les créances immobilières
douteuses détenues par les banques et autres institutions financières jusqu’à hauteur de 700 milliards de dollars. Cette somme ne représente sans doute que la partie visible de l’iceberg de l’endettement pourri.
Mais l’important est ailleurs. Ainsi, le Trésor public endosse les conséquences d’un système désastreux.
Premier temps : le crédit sert aux acteurs financiers à entretenir la montée d’une bulle sur des actifs de toutes sortes, l’immobilier hier, l’internet avant-hier, les matières premières et l’alimentation demain sans
doute. La spéculation s’auto-entretient grâce aux techniques de titrisation.
Deuxième temps : après que les titres financiers douteux sont disséminés dans le monde entier, la bulle éclate, fondamentalement parce que la finance ne peut jamais faire naître la richesse du néant. Tôt ou tard, la fiction s’évanouit et le système bancaire et financier capitaliste est incapable alors de faire face au défaut de remboursement des créances qu’il détient, et donc à ses propres engagements.
Troisième temps : pour éviter l’effet domino de faillites bancaires en cascade, la Réserve fédérale et toutes les banques centrales jettent des centaines de milliards de dollars et d’euros dans les circuits financiers. Cela ne suffit pas à enrayer la crise, et le Trésor américain joue son joker
en promettant de racheter tous les titres financiers pourris figurant au bilan des banques, sans qu’on sache si les ménages américains expulsés conserveront leur logement. Comment le Trésor public y parviendra-t-il, sachant que le budget de l’État américain connaît déjà un déficit colossal ?
Il suffisait d’y penser : en empruntant sur les marchés financiers. Autrement dit, un endettement privé démesuré, complètement déconnecté des besoins de l’économie réelle, sera honoré par un endettement public. Auprès de qui ? Auprès des acteurs qui ont plongé l’économie mondiale
dans la crise et qui, sauf si l’inflation est relancée, encaisseront les intérêts d’une dette ainsi accrue.Le comble de l’absurde est atteint. Et le retour des crises ne sera pas empêché par ce type de régulation, car il ne vise qu’à redonner aux marchés financiers l’oxygène qu’ils utilisent pour mieux siphonner l’économie productive : toujours plus d’argent pour les actionnaires, pris aux
pauvres, d’abord en tant que travailleurs, puis comme contribuables.
Attac réaffirme la nécessité de rompre radicalement avec l’emprise de la finance. Pour cela il faut restreindre drastiquement la circulation des capitaux, interdire la titrisation et procéder à une remise entre les mains de la puissance publique des principaux pôles du secteur bancaire et financier, à commencer par les banques centrales, dont celle de la zone
euro aujourd’hui suspendue aux frasques du capitalisme financier. C’est parfaitement possible si l’on taxe toutes les transactions financières et si l’on écrête les revenus financiers par une fiscalité très progressive. L’heure n’est plus à corriger les » excès » du capitalisme,
comme le disent tous ceux qui, hier, nous promettaient un monde merveilleux. Le temps est venu d’enlever le pouvoir aux financiers agissant pour le compte des détenteurs de capital.
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